Les participants des 11e Entretiens de Bibracte se penchent sur la recherche dans les parcs de Bourgogne-Franche-Comté
Chaque année, la veille des Journées du Patrimoine, le Parc naturel régional du Morvan et Bibracte organisent sous l’égide du Conseil scientifique du Parc les Entretiens de Bibracte-Morvan, rencontres pluridisciplinaires ouvertes prioritairement aux décideurs, au cours desquelles une thématique intéressant le territoire est éclairée du regard de scientifiques. Parmi les sujets abordés au cours des dix éditions précédentes, mentionnons par exemple l’eau, la forêt, l’agriculture, les flux migratoires, mais aussi des approches plus méthodologiques comme la cartographie et les stratégies documentaires à l’heure du numérique.
La fusion des régions de Bourgogne et de Franche-Comté fournissant une opportunité de concertation accrue entre les gestionnaires d’espaces naturels et patrimoniaux de ce vaste espace, la 11e édition des Entretiens, tenue les 15 et 16 septembre dernier, a été consacrée à un débat sur la place de la recherche sur le territoire des trois parcs régionaux de Bourgogne-Franche-Comté (Ballons des Vosges, Haut-Jura et Morvan) et aussi sur celui du futur parc national des Forêts de Champagne et Bourgogne.
La rencontre a notamment bénéficié du témoignage de plusieurs personnalités qui réfléchissent au niveau national sur les enjeux du monde rural et des espaces protégés :
Yves LUGINBÜHL, expert des politiques du paysage et président du conseil scientifique du programme de recherche « Paysage et développement durable » du ministère de l’Environnement, a rappelé l’histoire de la politique des paysages en France depuis son origine.
François COLSON, président du Conseil d’Orientation de Recherche et de Prospective (CORP) de la Fédération des Parcs naturels régionaux, a résumé la valeur ajoutée apportée par les parcs naturels régionaux à l’heure de leur 50e anniversaire (puisque les parcs ont été créé par une loi de 1967).
Francis AUBERT, professeur d’économie à AgroSup Dijon et directeur de la Maison des Sciences de l’Homme de Dijon, s’est quant à lui penché sur l’analyse économique des territoires ruraux labellisés Parcs naturels régionaux, en recommandant qu’ils soient utilisés comme des laboratoires privilégiés d’expérimentation au service du développement régional.
Sylvie DALLET, historienne et philosophe, professeur à l’université de Versailles-St-Quentin-en-Yvelines, s’est penchée sur le sens de l’action des Parcs, en insistant sur les notions de paysage et de patrimoine, comme le préconise la loi de 1967.
Gaëlle RONSIN, doctorante en sociologie à l’IRSTEA (Grenoble), a enfin complété ce tour d’horizon en présentant la composition et le mode de fonctionnement des instances scientifiques des Parcs naturels.
Plusieurs interventions ont également abordé des exemples régionaux éclairants :
Hervé PARMENTIER, directeur du GIP qui préfigure le futur Parc national des Forêts de Champagne et Bourgogne, a évoqué la place de l’expertise scientifique dans la mise en place du Parc.
Caroline DARROUX, anthropologue et chercheur au labex ITEM, Olivier THIÉBAUT, chargé de mission Paysage et Urbanisme au PNR du Morvan, et Vincent GUICHARD, directeur général de Bibracte ont présenté la place des chercheurs dans la démarche du Grand Site de Site de Bibracte Mont-Beuvray.
Vincent LÉTOUBLON, Directeur du Conservatoire botanique national du Massif central, a exposé l’histoire du « Comté au papillons », une tentative de valorisation conjointe de la biodiversité et des productions agricoles menée dans le Jura.
Sylvie GRANGE, directrice de l’Office de Coopération et d’Information muséales (Dijon), et Philippe HOELTZEL, chargé de mission Patrimoine au PNR du Morvan, se sont enfin penchés sur les enjeux scientifiques et sociétaux de l’écomusée du Morvan.
Les exposés ont débouché sur un débat passionné à propos des missions des Parcs, un sujet particulièrement d’actualité à l’heure de la reconfiguration du rôle des collectivités au terme de la loi NOTRe et plus largement du changement radical du contexte d’intervention des Parcs depuis leur création par le législateur voici cinquante ans, tant du point de vue économique, que social et écologique. L’assistance – une quarantaine de personnes où l’on trouvait élus, agents des Parcs, acteurs scientifiques, membres de la « société civile » – a convenu qu’il fallait prôner le retour aux « fondamentaux » exprimés par la loi de 1967, qui stipule notamment qu’« ils ont vocation à être des territoires d'expérimentation locale pour l'innovation au service du développement durable des territoires ruraux. Ils constituent un cadre privilégié des actions menées par les collectivités publiques en faveur de la préservation des paysages et du patrimoine naturel et culturel. » On a aussi exprimé le souhait que chaque projet de Parc constitue un véritable contrat social entre les habitants et les pouvoirs publics au service du bien commun qu'est le paysage du Parc. Ces recommandations arrivent à propos puisque le matin-même du premier jour des Entretiens, le bureau du Parc naturel régional du Morvan qui tenait réunion à Bibracte convenait de la mise en chantier de la révision de sa charte, qui doit aboutir en 2020.