actualite - 29 septembre 2022

Bibracte salue la mémoire de Paul Veyne

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C’est un immense historien de l’Antiquité qui vient de disparaître, qui alliait une très vaste érudition à une vision originale du métier d’historien, notamment forgée par son compagnonnage avec Michel Foucault.
Bibracte lui doit aussi d’être ce que le site est devenu aujourd’hui.
Voici les faits.

Paul Veyne fut amené à s’intéresser au mont Beuvray par un de ses codisciples à l’université d’Aix-en-Provence dans les années 1970, Christian Goudineau, qui était amené à prendre la chaire des Antiquités nationales au Collège de France et à accompagner le « projet » de Bibracte pendant de longues années en tant que président de son conseil scientifique.

Veyne garda en tête le projet de Goudineau de relancer un grand programme de fouilles sur le Beuvray et c’est lui qui mit cette idée entre les mains de Jack Lang, nouvellement nommé ministre de la Culture à la suite de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République.


Fin avril 1981, l’éminent professeur d’histoire au Collège de France avait rencontré Jack Lang dans un de ces dîners que le futur ministre organisait, à la veille de l’échéance électorale, pour identifier les futurs grands travaux présidentiels. Le 25 mai, il eut la présence d’esprit de profiter de la conjoncture politique pour proposer de lancer une grande fouille à Bibracte. Son enthousiasme redoubla quand, quelques jours plus tard, il réalisa que le Beuvray était sur les terres électorales du nouveau président. « Ça n’a qu’une chance sur dix de réussir », estimait-il, mais néanmoins le coup fut tenté : lui et Goudineau cosignèrent un courrier au ministre pour lui soumettre « un projet de grande entreprise patriotique et culturelle ».

Le pouvoir politique adhéra à la proposition, mais c’est dans les rangs de la communauté archéologique que se manifestèrent quelques réticences qui retardèrent l’ouverture du chantier à 1984, avec sa prise en main par l’équipe de protohistoriens constituée en 1981 par Christian Peyre à l’École normale supérieure. Un an plus tard, François Mitterrand consacrait Bibracte « grand site national » ; en 1989, il engageait Bibracte dans les grands travaux culturels de l’Etat.

(d’après V. Guichard, « Christian Goudineau, Bibracte et les Gaulois », Gallia, 76-2, 2019, p. 8-11)