Les Rencontres de la Coop proposent vendredi 21 septembre 2018 à 19h au Centre archéologique européen (Glux-en-Glenne, Nièvre) la présentation de Vincent Balland, géo-historien, doctorant sur l’histoire du monde rural (Université de Bourgogne, laboratoire ARTEHIS - Archéologie, Terre, Histoire, Sociétés).
Devant la montée du productivisme et l’extension des villes sur les zones de cultures, les exploitations agricoles se sont réduites, et avec elles toute une richesse biologique et des modes d’organisation des terroirs. Le Morvan, zone forestière et bocagère par excellence est de ces petites régions qui vivent aujourd’hui une déprise agricole sur fonds d’interrogations à l’égard des gestions forestières. Les sciences humaines, et l’histoire tout particulièrement, permettent d’éclairer, dans le temps long, ces métamorphoses économiques et sociales.
Si Marcel Vigreux, historien du Morvan, a bien éclairé les évolutions de la vie rurale en Morvan entre le XIXe siècle et le début du XXe siècle, celles des périodes antérieures restent méconnues.
Cette intervention vise à présenter quelques éléments d’une thèse d’histoire en cours, portant sur les formes anciennes de gestion de l’espace à l’échelle de quelques communes du Haut Morvan, entre la fin du Moyen Âge et l’époque moderne. Il s’agira d’exposer quelques documents d’archives dont le contenu permet de reconstruire une partie de l’environnement et des activités des morvandiaux dans des temps reculés.
Forêts, terroirs, landes ; habitants, seigneurs et gestionnaires sont étudiés ensemble afin de définir l’organisation des territoires ruraux anciens, leurs formes paysagères ; de comprendre les enjeux liés à la répartition du foncier. Si le monde occidental semble aujourd’hui largement dominé par la propriété privée, il n’en fût pas toujours ainsi. Il faut se souvenir de l’importance de la Révolution française et de la période napoléonienne dans la mise en place de ce système juridique normalisé à l’échelle de l’État. Auparavant, l’espace rural était plus difficile à saisir, et il existait une multitude de statuts juridiques qui encadraient la terre, allant du privé au commun, de l’exclusivité à l’usage. Ainsi a-t-on pu entendre dans les récits des anciens que les troupeaux pâturaient naguère les forêts, qu’on y trouvait aussi du bois mort pour se chauffer. Face à des accaparements ou des restrictions dès le Moyen Âge, les usages cristallisent bien souvent des conflits que les textes nous laissent parfois entrevoir. Ces changements se manifestent aussi dans les paysages morvandiaux, paysages dont les textes évoquent dès le Moyen Âge la rudesse du milieu et les durs labeurs de la terre…