De la forêt domestique à la forêt marchande : une histoire de la forêt morvandelle sur la longue durée 

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Samedi 21 septembre 2024 à 18h, dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine, nous vous proposons une conférence de Vincent Balland, docteur en histoire de l’environnement (université UBFC), chargé de mission patrimoine à Bibracte.

 

“Coupes rases”, “enrésinement”, “monoculture”, “défauts de régénération” : tels sont les mots qui reviennent à travers le conflit forestier du Morvan. Régulièrement, dans la presse locale comme nationale, habitants, militants, propriétaires et forestiers font parler de la forêt morvandelle et du risque d’une industrialisation complète des prélèvements.

Et si l’emploi de ces expressions en Morvan trouvaient leur racine dans un passé lointain ? Et si les antagonismes connus sur le territoire depuis les années 50 agissaient comme un spectre qui vient réveiller d’anciennes blessures : celles d’une forêt fortement marquée par une sylviculture intensive destinée à alimenter un marché lointain. Entre le milieu du XVIe siècle et le début du XXe siècle, soit entre près de trois siècles, les hêtraies-chênaies du Morvan ont fourni en abondance du bois de chauffage pour la ville de Paris.

Cette économie a dessiné dans le paysage social de forts contrastes entre de grands gagnants et une population locale agricole employée à la fourniture parisienne. En forêt, cette exploitation a durablement marqué les paysages sous la forme du taillis produisant des bûches standardisées. Cet état de fait, reproduit durant ces trois siècles a contribué à façonner le jugement selon lequel le Morvan n’a jamais eu ou n’aurait pas les capacités d’une sylviculture de qualité.

Pourtant, un regard plus lointain encore montre une tout autre forêt que celle orientée vers les standards du marché. Du XIIIe siècle au milieu du XVIe siècle en effet, la petite montagne est parcourue par de grands massifs forestiers aux fonctions économiques diversifiées principalement orientées vers l’approvisionnement local. Cependant, l’étude fine des comptabilités et des terriers médiévaux démontre l’importance d’une forêt nourricière qui fournit des fruits pour un élevage porcin transhumant. Est-ce là une réalité connue également en Morvan au cours du Haut Moyen Âge, de l’Antiquité ou de la Protohistoire ? Et si l’étude du Moyen Âge donnait des pistes de travail pour l’étude des périodes antérieures ?

Cette soirée vous mènera en forêt, sur la longue durée, à partir d’une démarche historique interdisciplinaire qui s’est appuyée sur le croisement entre les archives manuscrites, les dépôts naturels dans les tourbières ou encore le LiDAR, technologie qui détecte les micro-variations de la topographie sur de très grandes surfaces. En raison de la large couverture temporelle de travail, les résultats présentés se focaliseront sur quelques communes du Haut Morvan.

 

Samedi 21 septembre à 18h au musée.

Réservation au 03 85 86 52 40. Gratuit.

Cette conférence est organisée dans le cadre du projet de recherche européen SECreTOUR du programme Horizon Europe.