Histoire des fouilles

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Depuis le 19e siècle, savants et archéologues s'interrogent sur l'histoire de la cité éduenne, son organisation et son architecture. Révélé par Jacques-Gabriel Bulliot en 1864, l'oppidum fait encore aujourd'hui l'objet d'un important programme de recherche. 

1864 – 1914 : La découverte de Bibracte

Dès la Renaissance, les érudits s’interrogent sur l’emplacement de Bibracte. On hésite entre le mont Beuvray et Autun.

Lorsque Napoléon III souhaite écrire une Histoire de Jules César, des recherches sont lancées pour localiser Alésia, Gergovie ou Bibracte. On interroge les érudits, on encourage les fouilles. Le vicomte d’Aboville, propriétaire du mont Beuvray, et Xavier Garenne, y ouvrent les premiers sondages en 1864. 

JACQUES-GABRIEL BULLIOT

De son côté, un négociant en vin d’Autun, Jacques-Gabriel Bulliot, est fasciné par l'histoire du Beuvray. Les paysans lui parlent d'énormes remblais, de monnaies, de tessons... Il est persuadé que c'est là que se situait l'antique Bibracte. Il parvient à convaincre Napoléon III du bien fondé de sa thèse et, en 1867, il en obtient des subsides pour explorer le mont ; il y conduit des campagnes de fouilles jusqu’en 1895, dégageant les murs de maisons, d’ateliers, de bâtiments publics, et recueillant des milliers d’objets, qui sont aujourd’hui répartis entre le musée Rolin d’Autun et le musée d'Archéologie nationale à St-Germain-en-Laye.

JOSEPH DÉCHELETTE

Joseph Déchelette, neveu de Bulliot, est associé à ses recherches avant d’en prendre la direction. Déchelette, qui correspond avec d’autres archéologues européens, se rend compte que les vestiges retrouvés au Beuvray se retrouvent, identiques, en Bavière, en Hongrie, en Bohême. C’est lui qui comprend que Bibracte est le "point d'émergence" d'un phénomène historique d'ampleur européenne, que d’autres qualifieront de « civilisation des oppida ».

Le prestige académique de Déchelette, auteur d'un Manuel d'archéologie reconnu internationalement, rejaillit sur le mont Beuvray, qui devient le site de référence de l'urbanisme celtique de la fin de l'âge du Fer.

Après sa mort sur le front, en 1914, Bibracte et le Beuvray retombent dans l’oubli.

Depuis 1984, un chantier international

En 1984, un vaste programme de recherches, conçu en collaboration avec des chercheurs de l’Europe entière, est relancé à l’initiative d’archéologues du CNRS, à la suite d’une sollicitation du président de la République François Mitterrand. Ce programme s’accompagne de l’acquisition par l’Etat des pentes du mont Beuvray, le sommet étant propriété du Parc naturel régional du Morvan depuis la fin des années 1970. Il s’en suit la construction d’un centre de recherches et d’un musée, dans le cadre des Grands travaux de l’Etat ; les deux bâtiments signés par le même architecte, Pierre-Louis Faloci, sont inaugurés le 4 avril 1995 par François Mitterrand.

Depuis 1984, ce sont une quarantaine de secteurs du mont Beuvray qui ont été explorés, au cours de plus de 300 opérations de fouilles, réalisées durant l'été par les équipes composées de chercheurs et d'étudiants d'universités européennes. C'est beaucoup, et pourtant, cela ne représente que 3 hectares, c'est-à-dire à peine 5 % de la surface totale de l'oppidum. L'essentiel de Bibracte repose donc toujours sous la forêt.

Et demain ?

Les prospections géophysiques permettent de compléter les fouilles proprement dites. Le « Lidar », une technique de télédétection laser, est aussi utilisé pour établir un relevé très précis de la topographie du mont Beuvray, même au travers des frondaisons. Cela permet aux archéologues de repérer des remblais, terrassements et creusements dus à l’activité humaine, et de décider s'il est utile d'y effectuer des sondages, voire des fouilles complètes.

Il reste encore à Bibracte du travail pour des générations d’archéologues, un temps long nécessaire pour arriver à comprendre totalement les mécanismes de développement de la ville antique, à discerner son organisation et à mesurer le rythme et l'impact de l'intensification des contacts avec Rome et la Méditerranée. Un temps long qui permet aussi aux étudiants en archéologie protohistorique de toute l’Europe de se former sur les chantiers de Bibracte et de bâtir l’archéologie de demain.