Zoom sur les chantiers de fouilles 2024

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Le quartier du Parc aux Chevaux

Exploration de la frange sud-ouest de la terrasse PC 14

Du 6 au 31 mai 2024

Université de Franche-Comté, université de Bourgogne, université de Toulouse Jean Jaurès
Chantier dirigé par Philippe Barral, Benjamin Clément, Matthieu Thivet (université de Franche-Comté), Martine Joly (université de Toulouse Jean Jaurès) et Pierre Nouvel (université de Bourgogne)

La vaste clairière qui, depuis les domus PC1 et PC2, mène aux pieds du Theurot de la Roche, constitue l’un des secteurs privilégiés de l’oppidum du fait de son terrain plat et de sa position centrale au cœur du site. Les explorations de J.-G. Bulliot et J. Déchelette ont révélé dès le XIXe siècle l’existence de plusieurs dizaines de maisons de type romain déployées sur les flancs du replat, ainsi que deux très grandes plateformes, PC14 et PC15, situées directement en contrebas du Theurot.

Si les fouilles anciennes se sont le plus souvent contentées de repérer les maçonneries superficielles et donc les vestiges de l’occupation tardive du quartier, les chantiers qui se sont succédé à partir du début des années 2000 ont mis en lumière une évolution longue et complexe de l’habitat, couvrant tout le Ier siècle av. n. è. L’intégralité de PC15 et la portion septentrionale de PC14 ont été explorées grâce à la mobilisation de plusieurs équipes universitaires (université de Bologne, Université libre de Bruxelles, université de Bourgogne, université de Franche-Comté, université Paris IV et université de Toulouse Jean Jaurès). Si PC15 se distingue par la présence d’un centre public monumental ayant précédé la construction de la plateforme maçonnée, PC14 fossilise quant à elle une zone d’habitat plus ancienne caractérisée par des bâtiments et des caves en bois d’un type bien connu dans les autres quartiers de l’oppidum.

Dans la continuité de ces recherches, un projet de fouille a été lancé en 2021 avec l’objectif de poursuivre l’étude du développement urbain de ce secteur, en s’appuyant sur les données anciennes, les fouilles récentes et les mesures géophysiques qui ont livré de nouveaux indices d’aménagements contemporains et antérieurs à la construction de PC14 et PC15. Au vu de ces enjeux, l’attention est notamment focalisée sur l’exploration de l’extrémité sud-ouest de PC14, afin de tenter de caractériser l’organisation et l’évolution de l’habitat et du réseau de voirie. Les résultats des trois dernières campagnes de fouille attestent une longue séquence d’occupation. La phase la plus récente correspond à l’installation de la terrasse PC14 dont les vestiges n’ont pas encore permis de comprendre la configuration spatiale au sud. À une phase immédiatement antérieure se rattache une maison à fondations maçonnées d’un type semblable à plusieurs bâtiments repérés sur le flanc du Theurot de la Roche et dont l’existence avait été révélée grâce aux prospections géophysiques. Cette maison est à son tour installée sur les vestiges d’un habitat à ossature en bois qui se caractérise par des structures fossoyées de type cellier, caves, trous de poteaux et tranchées de fondation accueillant des poutres sablières basses, parfait exemple de l’architecture gauloise typique de l’oppidum avant la romanisation. Deux parcelles au moins, séparées par une venelle, ont pu être distinguées pour cette période, caractérisées par une présence récurrente de puits au sein de chaque parcelle.

Poursuivant les travaux engagés l’année dernière, la campagne 2024 se concentrera sur la portion méridionale de la fenêtre de fouille, avec l’objectif de compléter l’étude des édifices maçonnés d’époque augustéenne et approfondir la reconnaissance des horizons d’occupation plus anciens. 

Le secteur des Grandes Portes

LE SYSTÈME DÉFENSIF DE L'OPPIDUM

Du 24 juin au 26 juillet 2024

Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne, université de Bordeaux
Chantier dirigé par Sophie Krausz (université de Paris 1 Panthéon Sorbonne), Clara Filet (université de Bordeaux Montaigne) et Clément Féliu (INRAP)

Située sur le versant sud-ouest du mont Beuvray, le secteur des Grandes Portes montre clairement dans sa topographie le tracé de deux remparts successifs de Bibracte, construits successivement à la fin du IIe et au Ier siècle avant notre ère. Celui du premier rempart “externe” est en partie oblitéré par celui du rempart “interne”, dont la construction est plus récente et plus imposante. La géométrie d’une porte “en tenailles” aménagée dans le rempart “externe” ou de deux portes qui se sont succédé dans les deux fortifications est encore aujourd’hui bien lisible sur le terrain. Les Grandes Portes ont probablement constitué l’un des accès principaux de l’oppidum, symétrique de la Porte du Rebout.

Dans l’objectif de mieux comprendre l’histoire des fortifications de Bibracte, leur nature et leur mode de fonctionnement, le chantier démarré en 2019 se déroule avec deux interventions : la réalisation d’une coupe à travers l’ensemble du dispositif de la fortification intérieure, à quelques dizaines de mètres au sud-est de la porte, et la fouille extensive du bastion méridionale de cette dernière.

Les fouilles de cette tranchée ont montré que le rempart est construit avec la technique du murus gallicus. Haut de 3 m et large de presque 8 m, il se compose d’un parement de blocs de pierre grossièrement équarris, situé en avant d’un blocage de pierres armé d’un système de poutrage. L’analyse de la distribution des clous, découverts pour la plupart à l’aplomb du parement, suggère la présence de longrines horizontales intégrées à la façade du mur en pierre. L’ensemble du système défensif a également été précisé. En aval du murus gallicus : un glacis formant escarpe, une terrasse avancée et peut-être un talus (arasé) formant contrescarpe. En amont, un replat formant un espace de circulation précède une pente rectifiée sur une douzaine de mètres. En 2022, l’enlèvement des assises de fondations du murus gallicus a conduit en fin de campagne à la découverte des vestiges du murus gallicus plus ancien, visiblement arasé et enseveli lors de l’édification du nouveau rempart et appartenant à la première enceinte de l’oppidum. L'étude du glacis inférieur du rempart a mis en lumière en 2023 un fossé en V de 5 m de largeur à l'ouverture, conçu pour fonctionner avec la première enceinte, puis comblé lors de l'arasement de cette dernière en vue de la construction du nouveau rempart « interne ».

Au niveau de la porte, la fouille de 2023 a certifié l’existence de deux, voire trois phases de construction du bastion. À chaque phase, la géométrie du bastion est modifiée, avec un déplacement du parement de plus de 3 m vers l’ouest, ce qui entraîne un élargissement important du couloir d’accès.

La campagne de 2024 visera la poursuite des deux interventions, avec l’achèvement de l’exploration des niveaux profonds à la base de la grande tranchée et la continuation de l’exploration stratigraphique du bastion de la porte. Elle permettra également de compléter l’analyse du petit espace funéraire découvert juste en amont du bastion.

Le secteur des Grandes Portes

LA TERRASSE DU PETIT BOIS

Du 30 juin au 19 juillet 2024

Université Babeş Bolyai de Cluj-Napoca (Roumanie)
Chantier dirigé par Gelu Florea et Stefan Vasilache

La terrasse du Petit Bois située à environ 80 m en retrait des Grandes Portes, se présente comme une esplanade aux angles semi-arrondis, aménagée de main d’homme, d’environ 5 500 m² dominant le rempart. Compte tenu de sa position dominante dans l’axe de la porte, il est possible que cette terrasse ait joué un rôle dans le dispositif défensif de ce secteur. Peu exploré jusqu’à présent – des sondages limités y ont été effectués en 1992 –, ce secteur a fait l’objet de prospections géophysiques en 2018 qui ont révélé une série d’anomalies rattachables à de possibles structures enfouies. Entre 2021 et 2023, un nouveau chantier a été ouvert afin de mieux caractériser ces indices et de comprendre l’articulation entre l’esplanade et la voie urbaine issue de la porte.

Les fouilles ont permis de distinguer deux états d’occupation, dont le plus récent est en lien avec le fonctionnement de l’esplanade aujourd’hui encore visible dans la topographie. Sous les remblais de cette terrasse, les vestiges de la voie provenant de la porte ont pu être observés. Elle semble bordée de deux fossés dont l’un, d’une profondeur d’environ 0,7 m, pourrait être antérieur à l’aménagement de la chaussée. L’occupation se traduit par des sols pavés de tessons d’amphores érodés et quelques structures en creux, associés à un mobilier peu abondant qui indiquerait une fréquentation moins intense que les abords de la Porte du Rebout.

Suite à l’achèvement de l’étude de cette première fenêtre de fouille, en 2024 l’attention sera portée, avec une campagne de dimensions réduites, sur une tranchée plus étroite réalisée juste à l’arrière des bastions plus internes de la porte, dans le but de certifier la continuité de la voirie déjà attestée et en vérifier la relation stratigraphique avec l’évolution des remparts voisins.

Le sanctuaire des sources de l'Yonne

Du 1er au 23 juillet 2024

Université de Durham (Royaume-Uni)
Chantier dirigé par Tom Moore (université de Durham) et Ralf Hoppadietz (CDD Bibracte)

Brièvement sondé en 1880 puis de nouveau fouillé superficiellement entre 1974 et 1986, le sanctuaire gallo-romain des Sources de l’Yonne se compose de trois temples carrés de plan typiquement gallo-romain (fana), alignés dans le grand axe d’une vaste enceinte rectangulaire de 94 x 46 m. Un deuxième péribole “interne” englobe les deux temples septentrionaux (fana I et II), séparés par un mur intermédiaire. Le troisième temple (fanum III) se situe quant à lui dans la partie méridionale du téménos. Édifiés à proximité du pré où sourd l’Yonne, les temples se situent au cœur d’une vaste agglomération non fortifiée d’environ 120 ha, localisée à une distance d’à peine 4 km des remparts de Bibracte, sorte de faubourg décentré ayant prospéré en même temps que l’oppidum.

L’emplacement du complexe cultuel, dont les fouilles ont montré le fonctionnement à l’époque impériale, soulève de nombreuses interrogations concernant les liens qu’il entretenait avec l’agglomération de la fin de l’âge du Fer. On peut notamment se demander si ce sanctuaire, dans une forme architecturale précoce, existait déjà au Ier siècle av. n. è. C’est pour répondre à ces questions que de nouvelles explorations ont été menées entre 2016 et 2018, menant à la découverte d’une riche séquence d’occupation.

Les sondages menés dans le fanum I, au nord, montrent en effet l’existence d’au moins deux édifices ayant précédés le temple maçonné d’époque impériale. Durant la seconde moitié du Ier siècle avant notre ère (période de fonctionnement de l’agglomération), il existait à cet emplacement un bâtiment carré de 10 de côté, intégralement édifié en bois et érigé sur des solins en pierre sèche, probablement bordé d’une galerie sur poteaux. Le sol en terre battue de l’édifice porte les stigmates d’un premier incendie à la suite duquel le bâtiment aurait été reconstruit ou réaménagé ; un deuxième incendie serait à l’origine de l’abandon définitif de cette structure, probablement à l’époque augustéenne. Le démontage partiel des niveaux de construction du bâtiment a permis de certifier l’existence d’une phase d’occupation antérieure, matérialisée par un tronçon de mur en pierre soigneusement appareillé qui pourrait dater de la première moitié du Ier siècle avant notre ère.

La reprise de l’exploration du fanum entre 2023 et 2024 a comme objectif de vérifier la stratigraphie de ces structures et d’en compléter la reconnaissance du plan, afin d’appuyer l’hypothèse selon laquelle il s’agirait d’édifices ayant déjà une fonction cultuelle qui auraient été perpétués avec le sanctuaire d’époque gallo-romaine. Un enjeu majeur de la campagne de 2024 est également celui d’affiner la datation des différents états successifs de construction.

La quartier du Parc aux Chevaux

LA DOMUS PC2

Du 9 juillet au 30 août 2024

Chantier-école de Bibracte
Chantier dirigé par Charlotte Defer (université de Bourgogne) et Oriane Rousselet (Bibracte)

Tout comme sa voisine PC1 mais de dimensions moindres, il s’agit des vestiges d’une vaste demeure construite à la mode romaine (que l’on appelle domus) vers le changement d’ère ou peu avant. Au cours de l’été 1882, elle a fait l’objet d’une fouille par J.-G. Bulliot, ce qui a permis de révéler son plan. D’une superficie d’environ 1100 m2, elle est composée d’un bâtiment principal formant un carré de 30 m de côté auquel est accolée une extension de forme trapézoïdale dans sa partie orientale. L’objectif du chantier-école consiste à fouiller la domus de manière extensive.

Débutée en 2016, la progression de la fouille de la domus PC2 a permis d’appréhender la stratigraphie complète de la parcelle sur une petite surface et de mettre en évidence le procédé de fondation original de la domus, qui s’explique par le souci d’aligner son niveau de circulation de plain-pied sur celui de la rue qui la sépare de PC1, malgré un terrain en assez forte pente. Tous les murs de la maison ont été construits en élévation à partir du terrain d’origine, soit sur environ 1,5 m dans la partie amont de la parcelle, puis remblayés jusqu’au niveau de circulation (construction “en caissons”).

Cette technique de construction, qui surélève de façon importante le terrain d’installation, permet une conservation optimale des vestiges préexistent, piégés sous les importantes fondations. Ainsi, une longue séquence alternant les niveaux de construction, d’occupation et de destruction de plusieurs bâtiments sur poteaux ou à ossature en bois ont pu être mis au jour dans la partie orientale de la domus. La campagne de 2023 a permis notamment de compléter la fouille d’un bâtiment sur poteaux qui s’associe probablement à une cave en ossature en bois, dont la fouille – qui s’achèvera en 2024 – se révèle particulièrement difficile en raison de sa complexité stratigraphique, due à l’affaissement généralisé de tous les niveaux postérieurs à l’intérieur de son creusement.

Si l’ensemble de ces édifices se date autour du milieu du Ier siècle avant notre ère, dans la seconde moitié du siècle on assiste à un changement des modes architecturaux, avec l'adoption progressive des techniques architecturales romaines (sols en mortier, généralisation des fondations sur sablières basses). Plusieurs lambeaux de ces sols ont été reconnus en 2023 sous les fondations de la domus et la reconnaissance spatiale des bâtiments auxquels ils appartiennent constitue l’un des objectifs principaux de la campagne de 2024.

La Terrasse

Du 21 juillet au 6 août 2024

Université Masaryk de Brno et université Charles de Prague (République Tchèque)
Chantier dirigé par Petra Golanova (université de Brno) et Jan Kysela (université de Prague)

Après avoir achevé en 2023 l’exploration du sommet de la Chaume, l’équipe tchèque se focalisera en 2024 dans l’ouverture d’un nouveau sondage sur le talus de la Terrasse. Il s’agit d’une esplanade presque carrée d’environ 1 ha délimitée par un talus doublé d’un fossé. Déjà sondée au XIXe siècle, le secteur a ensuite fait l’objet de différents sondages, ouverts entre 1986 et 1995, qui avaient permis de constater l’existence ici d’un espace dépourvu de constructions. Dans les années 2010 la zone a fait l’objet de plusieurs prospections géophysiques. Deux zones distinctes ont été prospectées au préalable : le plateau supérieur et l’esplanade ouest, à l’aide du géoradar, et le versant sud, d’abord traité à l’aide d’un magnétomètre, puis au géoradar sur une surface plus réduite. Les prospections magnétiques n’ont pas permis de signaler de potentielles structures archéologiques du fait du fort magnétisme du substrat rocheux. Quelques fossés ont été repérés par le géoradar ainsi que des bâtiments partiellement visibles sur les terrasses du versant sud, mais d'une manière générale, les prospections menées dans ce secteur sont peu évocatrices. En complément, des carottages ont été effectués en 2019 à l’intérieur de l’enceinte, puis la réouverture de quatre tranchées de fouille antérieures a permis d’échantillonner l’intégralité des dépôts archéologiques. La stratigraphie observée respecte presque partout la même organisation, avec une séquence composée, directement sous l’humus forestier, d’une couche claire appuyée sur une couche mélangée avec le substrat rocheux meuble, puis du substrat compact. La recherche n’a pas permis d’observer de structure archéologique, hormis quelques cuvettes interprétables comme des vestiges de fosses. Les traces d’activités médiévales font défaut, mais une présence humaine ancienne (Néolithique et Protohistoire) est signalée par des tessons et des restes relativement nombreux d’industrie lithique.

La réalisation du nouveau sondage en 2024 a comme objectif d’analyser la composition du talus qui délimite cette grande esplanade dans le but d’ancrer chronologiquement sa mise en œuvre grâce à un protocole d’échantillonnage spécifique pour effectuer des datations radiométriques (14C, OCL, etc.)

La Pâture du Couvent

L'ILOT DES GRANDES FORGES

Du 5 au 31 août 2024

Université Eötvös Loránd, Budapest
Chantier dirigé par Laslo Borhy, Daniel Szabó et Lörinc Timar

Situé au cœur de l’oppidum, le vaste replat de la Pâture du Couvent a fait l’objet d’une attention particulière dès la fin des années 1980. Les fouilles à grande échelle, provisoirement interrompues depuis 2010, ont révélé la physionomie de ce secteur central de Bibracte. Tracée dès les premiers temps de l’oppidum, l’avenue principale forme avec ses rues perpendiculaires la trame de l’espace urbain. Tout au long du Ier siècle avant notre ère, le bâti se développe en bordure de ces voies, dans un premier temps avec des édifices en bois pourvus de celliers. Au lendemain de la Conquête le quartier subit une profonde transformation : un bassin en pierre, singulier par sa forme issue d’un tracé géométrique rigoureux, prend place au centre de l’avenue qui est alors élargie jusqu’à atteindre 17 m, tandis qu’un vaste complexe public est édifié à l’est sur le modèle du forum romain. Ce dernier, nommé « îlot “des Grandes Forges” depuis les sondages réalisés à la fin du XIXe siècle par J. Déchelette, se compose d’un ensemble monumental complexe qui témoigne de l’apparition précoce de modèles architecturaux romains à Bibracte. Au centre trônait une basilique rectangulaire flanquée de cours pourvues de portiques. L’accès au forum se faisait côté rue, via une entrée située dans une longue galerie bordée de pièces de taille uniforme, peut-être des boutiques. Alors qu’à la même période le reste de l’oppidum est encore fortement ancré dans la tradition architecturale gauloise, cet ensemble adopte d’ores et déjà les formes et les matériaux propres à l’architecture romaine, notamment des sols en béton, des colonnes en calcaire ornées de chapiteaux toscans et corinthiens ou encore des toitures en tegulae ornés d’antéfixes à masques humains.

Cet ensemble monumental, édifié sur d’anciennes constructions en bois, n’a fonctionné que peu de temps. Ravagé par un incendie, il est rasé et remplacé au début de l’époque augustéenne, vers 15 avant notre ère, par une structure en pierre, aussi vaste, mais de plan sensiblement différent. Le fait qu’elle succède à un forum et l’absence d’éléments de confort domestique (foyers, thermes, etc.) suggèrent qu’elle avait également une fonction publique.

Si la cour occidentale et sa galerie ouverte sur la voie, ainsi que la basilique centrale, ont fait l’objet de fouilles approfondies durant les années 2000, la cour orientale qui s’étend entre l’abri de protection des vestiges et la forêt reste encore mal connue. Quelques sondages ponctuels et les prospections géophysiques qui ont abondamment couvert la zone permettent d’ores et déjà de dresser un premier plan du complexe et d’apercevoir quelques détails de son architecture (existence d’un péristyle, d’un aqueduc souterrain, etc.).

Le nouveau projet de fouille démarré en 2023 avec un premier sondage d’évaluation, vise, à partir de ces données préliminaire, la mise au jour intégrale de l’ensemble monumental. La première campagne a d’ores et déjà permis de confirmer l'état de conservation remarquable des vestiges architecturaux et des sols stratifiés, largement épargnés par la construction du couvent franciscain et par les fouilles du XIXe siècle. Deux états de construction maçonnés ont d’ores et déjà pu être reconnus, dont le premier semble pouvoir être mis en relation avec le complexe du forum, ce que la poursuite des fouilles en 2024 permettre de vérifier.

Le Quartier du Champlain

Du 21 août au 21 septembre 2024

Université de Rzeszów (Pologne) et université de Paris-Sorbonne
Chantier dirigé par Tomasz Bochnak (université de Rzeszów, Pologne) et Joseph Wilczeck(université de Paris-Sorbonne)

Sondés de manière systématique par J.-G. Bulliot à la fin des années 1860, les quartiers de la Côme Chaudron et du Champlain se distinguent par l’importante densité du bâti déployé de part et d’autre d’une avenue qui traversait le secteur à flanc de coteau pour joindre la Porte du Rebout aux quartiers centraux de l’oppidum. Entre 2000 et 2011, deux larges sondages ouverts de chaque côté de la voie avaient permis de redégager la première ligne de bâtiments en façade sur l’avenue, confortant l’interprétation de Bulliot qui voyait dans ce secteur le principal quartier artisanal de l’oppidum.

En 2013, les précédents sondages ont été prolongés vers l’amont dans le but de mieux apprécier l’organisation et la densité du bâti à mesure que l’on s’éloigne de la voie en direction du sommet de la Wivre. Cette nouvelle fouille montre de fait que les vestiges de construction sont nettement plus ténus au-delà de la première ligne de bâtiments. Mais un examen plus attentif de la stratigraphique suggère que la faible densité apparente du bâti est en partie le résultat d’une forte érosion causée par la mise en culture de la zone.

On discerne en effet des vestiges de constructions tronqués par l’érosion, sous la forme de deux caves, un puits et de nombreux lambeaux de terrasses artificielles, parfois délimitées par de possibles palissades et souvent associées à des taches rubéfiées signalant des foyers. La restitution de la géométrie des terrasses est délicate ; on note du moins que les plus importantes demeurent légèrement marquées dans la topographie. Ainsi, au moins cinq terrassements majeurs ont pu être reconnus, à l’évidence pas tous contemporains. L’ensemble des vestiges semble néanmoins pouvoir être rattaché à trois états successifs dont le deuxième, compris entre la Conquête et la période augustéenne, connaîtrait une réorganisation majeure de toutes les terrasses selon un projet concerté.

Après avoir été interrompu en 2019, la campagne 2023 a marqué la reprise de l’exploration de ce transect. L’attention sera portée sur la partie amont du versant dans le but d’atteindre, entre 2024 et 2025, le plateau sommital du Theurot de la Wivre et obtenir de la sorte une vision complète de l’aménagement du versant durant le Ier siècle avant notre ère.